Il serait honteux pour un homme portant mon surnom de ne pas connaître la série Persona, n’est-ce pas ? Pourtant, celle-ci m’a été présentée par un ami sur le tard, aux alentours de mes 18 ans de mémoire. Suite à son conseil, je me suis procuré Persona 3 FES en import anglais, alors que les jeux étaient encore difficiles à trouver en France et dans ma petite ville. Et la révélation fut instantanée…
Persona, ce n’est pas fait pour moi. Du moins est-ce ce que j’ai pensé aux premiers abords, et n’ai plus vraiment retouché le jeu et sa boîte. Il m’aura fallu 2/3 heures de jeu pour arriver à cette conclusion, alors que le texte défilait pour me décrire un univers étrange mais que rien ne me faisait faire plus qu’actionner en boucle le bouton X de ma Dualshock.
Persona 3 Portable, la révélation
J’ai lâché, purement et simplement. Mais l’univers est resté dans ma tête jusqu’à ce que la sortie de Persona 3 Portable soit assurée par Ghostlight en Europe. Je me souviens encore de suivre tout cela avec impatience, pressé comme je l’étais de retenter l’expérience. 71 heures de jeu plus tard, la Faucheuse vaincue et Messiah en ma possession, j’ai compris tout ce que la série apportait.
Je sais, cette version portable n’avait pas les séquences animées de la version PS2. Elle n’avait pas non plus The Answer, l’épilogue de l’aventure auquel je n’ai jamais touché par conséquent. A bien des égards, elle peut être “objectivement” vue comme la version inférieure du troisième volet. Mais il manque à toutes autres versions un élément important.
Aujourd’hui encore, je peux repenser à Junpei en me disant intimement que mon “bro” me manque, me souviens encore des écouteurs que Fuuka m’a offerts avec tendresse. Je m’inspire de l’exemplarité de Mitsuru, et ai le coeur serré en me remémorant Shinjiro.
Tous ces souvenirs ont fait la force pour moi de Persona. Mais l’impact du jeu ne m’a touché que lorsque j’y ai joué sur portable, et pour cause : j’y jouais presque en parallèle à ma propre vie. Ma PSP tranquillement tenue entre mes jambes sous mon bureau, je préférais suivre mes cours virtuels plutôt que mon propre professeur. Enfin rentré de cours, après une bonne heure de voiture, je m’aventurais dans le Tartarus à la recherche d’un camarade de classe perdu… Bref, mes 2 mondes s’emmêlaient parfaitement.
Et c’est pourquoi la licence est pour moi une licence de console portable avant toute chose. Tout cela n’aurait tout simplement pas été possible sur ma PS2 à l’époque de P3 FES. Et c’est pourquoi lors de l’annonce de la PS Vita, et de l’édition Golden de Persona 4, j’étais tout autant motivé à la prendre “day one” pour la perspective de découvrir Gravity Rush… que de me fondre une nouvelle fois dans une telle expérience.
Persona 4, la consécration
J’avais toutefois un doute quant à ce quatrième épisode : la noirceur du troisième volet était également un élément qui me tenait à coeur. La surprise de découvrir des thèmes et rebondissements aussi adultes dans une série qui au premier abord semble très “adolescente” a été l’un des points clefs poussant l’amour presque inconditionnel que je lui porte.
Or, Persona 4 semblait beaucoup plus… joyeux, festif, presque trop coloré pour être honnête. Aussi conquis à sa cause que je pouvais l’être, j’avais tout de même une légère méfiance quant à l’aventure qu’il m’offrirait. Evidemment, je n’avais aucun doute quant à son choix de plateforme, la PS Vita ; cette console abandonnée trop vite mais exceptionnelle.
Et effectivement, ce quatrième épisode (version Golden bien sûr) avait quelque chose de très différent, de plus optimiste dans son approche. Mais ça ne l’a non seulement pas empêché de traiter des thèmes adultes, mais aussi de me faire avoir un élan que je ne soupçonnais pas forcément.
Celui d’une compassion totale pour Nanako et Ryotaro Dojima, tantôt en tant que grand frère pour cette petite fille très mature et tantôt pour le père tentant tant bien que mal d’élever cette petite fille seule tout en étant policier. Il y avait quelque chose de très simple, et en même temps très vrai dans cette relation qui m’a énormément touché. Sans compter bien sûr tous les autres personnages du jeu, et LA waifu ultime : Naoto Shirogane. Meilleure waifu de toute la série, par tellement de traits qu’il faudrait un article complet pour les citer.
Une licence aussi codifiée qu’adaptable
Entre Persona 3 et Persona 4, j’ai aussi joué quelques heures à Persona 2 Innocent Sin sur PSP qui m’a fait comprendre d’où venait la série jusque là. En jouant à ces trois épisodes, j’ai compris à quel point l’expérience purement narrative que je décris jusque là est à coupler à une expérience phénoménale de gameplay. Je suis déjà naturellement très attiré par les dungeon crawler 3D, et la licence a toujours su satisfaire ce besoin que j’aie de dévoiler des cartes en battant un nombre incommensurable de monstres divers.
Qu’il s’agisse des nombreux systèmes de combat mis en place sur la série au fil du temps, de la mécanique de lien social qui permet de relier avec brio l’aspect visual novel et l’aspect dungeon RPG du titre, du monster et chara design envoûtant qu’offre Persona et de l’aura mystérieuse qui entoure toujours une aventure dès les premières heures de jeu… Tout est fait pour charmer.
Terminer un Persona, c’est comme dire adieu à une partie de sa vie : on se retrouve toujours avec un sentiment de vide, une absence alors que l’on dit adieu presque trop naturellement à des camarades de jeu que l’on a appris à connaître dans les moindres détails mais que l’on ne reverra plus.
C’est ce qui pousse naturellement à se tourner vers Persona 4 Arena, le spin-off baston développé par Arc System Works. Lier baston et RPG paraît improbable, mais fonctionne à merveille. Car Persona est aussi ancré dans sa tradition que malléable, la faute à un univers pouvant inspirer des générations entières aussi bien de joueurs que de créateurs.
Et évidemment, comment ne pas parler de la musique composée par Shoji Meguro, un véritable génie qui n’en finit plus de donner des claques auditives épisode après épisode. C’est bien simple : je n’écoute presque jamais de musique de jeu, n’y étant pas sensible en dehors de l’expérience. Mais les BO des Persona tournent toujours en boucle, de la simple musique d’ambiance comme le thème de la Velvet Room aux musiques à chanter à tue-tête comme Mass Destruction. Il est tout naturel de se pencher sur Persona 4 Dancing All Night dans ce contexte, pour mêler gameplay et expérience sonore comme jamais.
Fort de tout cela, et face à l’annonce de Persona 5 qui devait sortir en hiver 2014 à l’origine, j’ai attendu en rongeant mon frein de longues années pour pouvoir enfin toucher au dernier épisode de cette série si chère à mon coeur. Seul un dernier détail m’inquiétait : le fait qu’il sorte sur une console de salon. Après tout, mon expérience a profondément été marquée par les plateformes mobiles… Il était donc possible que le fait d’être rattaché à un écran me fasse perdre une partie de sa saveur. Mais nous verrons cela lors de mon prochain article, qui sera bien évidemment un test de Persona 5 !
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