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Yakuza 0 (PS4) : l’arcade à l’ère moderne

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test Yakuza 0 sur PS4

Les jeux vidéo sont assez vieux pour avoir une Histoire (avec un grand H s’il vous plaît), des codes bien ancrés dans les attentes des joueurs et quelques héros reconnaissables entre mille. Ils sont aussi assez vieux pour vous rappeler à quel point le temps passe et que vous n’êtes hélas pas Benjamin Button.

Toutes les personnes s’intéressant un tant soit peu aux jeux vidéo identifient le Japon comme la Terre Promise, puisqu’en ses premières heures d’existence le loisir vidéoludique a particulièrement été marqué par l’arcade, particulièrement populaire sur l’archipel, et les développeurs nippons ayant créés des stars aussi reconnues que Mario, Sonic ou encore Kaito de .hack//.

Pourtant, les développeurs japonais qui ont fait les heures de gloire des premières consoles sont désormais vus comme les anomalies du marché, préférant se concentrer sur les jeux mobiles et les productions typées otaku plutôt que de faire la 17ème suite du FPS à la mode. Vous connaissez déjà mon avis sur la question : de mon point de vue, les jeux japonais sont les derniers représentants d’une imagination manquant cruellement aux Occidentaux.

C’est pourquoi j’aimerais vous parler de Yakuza 0 aujourd’hui, jeu développé par SEGA et sorti sur PS4 en ce début d’année. Ce n’est pas la première fois que la série Yakuza, ou Ryū Ga Gotoku pour les puristes voulant se la péter, me tape dans l’oeil. Mais cet épisode marque la première fois que j’y joue, et ce que je tire de mes dizaines d’heures de jeu est… que personne ne semble vouloir le prendre pour ce qu’il est, et ce qu’il accomplit parfaitement.

Ce test a été réalisé grâce à une copie presse fournie par l’éditeur du jeu : aucune règle n’a été imposée sur son traitement.

Yakuza 0 “le monde ouvert à la japonaise”

Combien de fois ai-je entendu que Yakuza représentait le “monde ouvert à la japonaise”, qu’il est un “sandbox game” ou encore “GTA au pays des Yakuza”. Pourtant, manette en main, un autre constat m’a frappé. Tout d’abord, il n’a absolument pas la construction typique d’un jeu identifié comme monde ouvert, avec son libre arbitre permanent et ses ficelles très grosses pour simuler une quelconque liberté. Et il n’en a pas besoin.

Ne vous méprenez pas. Le jeu est très riche en contenu, comme vous avez sûrement dû l’entendre çà et là : bowling, baseball et bars divers se mêlent aux karaokés et… autres activités vous faisant regarder des vidéos seul dans une pièce dont le seul équipement notable est une boîte de mouchoirs. Mais il offre ces activités dans des périodes d’accalmies, se concentrant bien plus sur son histoire, découpée en plusieurs chapitres et vous faisant incarner deux héros différents dans deux quartiers totalement différents.

Car non, Yakuza ne cherche pas à être un jeu “à monde ouvert”. En vérité, il s’agit… d’un jeu d’arcade pur et dur, à ceci près que sa “formule arcade” ne se limite pas qu’à une seule activité. En suivant l’histoire, vous goûterez à son système de combat plus qu’inspiré du beat’em all 3D, proposant plusieurs styles par personnages. En dehors de celle-ci, ce sont des tonnes de petites activités organisées comme autant d’expériences de gameplay différentes qui vous attendent selon votre choix.

Pas étonnant alors que des salles d’arcade, incluant des versions complètes de titres SEGA ultras populaires de l’époque, soient présentes dans la ville. Dans ce jeu, tout est gameplay, suivant l’Histoire (notez le grand H) et l’héritage du jeu vidéo japonais. Celui-ci est tout simplement emballé dans une construction se permettant des blocs libres sur une progression linéaire, vous laissant libres de profiter de tout ce qu’il a à vous offrir comme un enfant rentrant avec sa pièce dans une salle d’arcade de l’époque.

Aussi raffiné que déluré

Cette métaphore a énormément de sens pour Yakuza 0, puisque les développeurs n’ont rien pris à la légère. Tout est système, et chaque système est très élaboré. Si vous pensiez que jouer au bowling, par exemple, dans le monde proposé par le titre ne serait que question d’une petite jauge à stopper sur la bonne case, détrompez-vous : le “mini-jeu” pourrait être un jeu à part entière, tant maîtriser ses subtilités ne se fait pas en quelques minutes. Toutes les activités annexes à l’histoire sont du même acabit, Yakuza offrant un “jeu dans le jeu” permanent.

Ce raffinement, qui se retrouve également sur son système de combat et sa progression par arbre de compétence, ne vient pas pour autant ternir ce grain de folie typiquement japonais. Pas question par exemple de gagner des points d’expérience : ici, c’est le cash pur et dur qui vous permet “d’investir sur vous-même”, mais qui fonctionne exactement comme un système de points classique.

Bien sûr, impossible également de passer à côté de l’ambiance de la ville, où divers gangs vous prennent bien souvent en chasse tout autant qu’une dominatrice gère sa clientèle en pleine rue sans pression. Il ne s’agit pourtant pas d’événements aléatoires : là encore, tout fait partie d’un grand système global. Aller acheter ses “potions”, sous la forme de diverses spécialités de cuisine, au magasin du coin vous permet d’augmenter votre connaissance du lieu, ce qui peut vous permettre par la suite d’investir sur ce magasin et gagner toujours plus de thunes.

Je n’ose à peine imaginer la feuille de game design qui régit ce monde, mais tout y est aussi utile que cohérent. La présence d’un énorme loubard dont le seul but est de vous voler votre argent durement gagné ne choque pas plus qu’un combat de danse au beau milieu d’un pont ou un grand réseau de reventes de culottes de lycéennes à démanteler. C’est là toute la magie du titre : son ton.

Breaking the law, breaking the world

Loin de moi l’envie de vous faire un exposé de sociologie en vous parlant du titre, d’autant que je n’ai aucune idée de ce que représente la mafia japonaise. Toutefois, je peux sans l’ombre d’un doute vous affirmer que le jeu de SEGA expose parfaitement ce que sont les yakuzas… du moins, dans le fantasme qui a été entretenu autour de ces syndicats du crime.

Et il en joue parfaitement, à commencer par les deux protagonistes que l’on incarne qui sont comme deux stéréotypes apparaissant bien souvent lorsque l’on pense à eux. Nous avons d’un côté Kiryu, la version plus romancée du yakuza dont la droiture exemplaire met la sauvegarde de son honneur au-dessus de toute autre volonté de vivre. De l’autre, Goro est le revers de la médaille, prêt à tout pour revenir dans la famille et exploser des perruques à ne plus savoir qu’en faire.

C’est par ces deux prismes que nous pouvons démêler l’intrigue de cet épisode. A noter que Yakuza 0 est une préquelle au premier épisode de la série, ce qui m’a permis (et vous permettra) de plonger dans son univers sans pour autant me sentir largué par les événements. Certes, on sent çà et là qu’un brin de contexte nous manque, mais il ne s’agit que d’un détail pour le scénario bien ficelé qu’il réserve aux joueurs.

Le ton est parfait, mêlant une intrigue criminelle assez vaste à quelques touches d’absurdités bienvenues. C’est surtout dans sa réalisation que le jeu peut impressionner : la motion capture et le jeu des acteurs sont tous deux impeccables, et Yakuza 0 vous décrochera plus d’une fois la mâchoire dans ces instants. Son problème principal est surtout qu’il est inconsistant.

Pour tous ces moments scénarisés peaufinés à la perfection, comptez une vingtaine d’instants où le titre va plutôt vous faire lire des pavés de texte, la plupart du temps sans doublage, voire même chavirer sur une présentation presque intégralement fixe rappelant un simple VN. Dans ces instants, on a l’impression qu’il a tout simplement dépassé son budget et a dû trouver n’importe quel moyen de finaliser certains éléments.

Yakuza 0 ne brille pas particulièrement graphiquement ou techniquement non plus. Les villes sont balisées, des murs invisibles apparaissent très souvent en exploration, et les graphismes sont loin de tirer partie des capacités de la PS4 90% du temps. Et pourtant…

Le bandit manchot

Impossible de ne pas aimer Yakuza 0. Ses défauts apparaissent très vite, mais il n’en a pas peur, bien au contraire. Dès les premières heures manette en main, le jeu vous entraîne dans ses ruelles malfamées et ses magasins emplis de néons colorés. Cette ambiance ne vous lâchera pas une seule seconde alors que vous découvrirez, par vous-même ou un ressort du scénario, toutes les possibilités vous attendant dans son monde.

Difficile de ne pas le pardonner face à sa galerie de personnages, costards cintrés, dents serrées et armes au poing, qui ne demandent qu’à être aimés (de loin, par sécurité). Leur charisme est sans égal, et constamment renouvelé par de nouvelles situations et de nouveaux angles de caméra.

La technique pêche, mais rien ne vient ternir les divers gameplay qu’il offre dans sa quête principale comme ses quêtes secondaires. Si vous êtes du genre à changer rapidement de jeu pour changer de gameplay, Yakuza 0 a de quoi nourrir une famille complète pendant des mois sans ternir en saveur.

Mais il ne s’agit pas d’un monde ouvert, bien qu’il en prend parfois l’apparence. Il s’agit surtout d’une sorte de salle d’arcade virtuelle géante, rythmée par un excellent scénario, dans laquelle vous gagnez les pièces nécessaires pour jouer… en jouant, continuellement. Une abondance qui peut parfois être difficile à digérer, mais qui n’atteint jamais le dégoût.

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